Je me pince pour y croire ! Je suis bien sur l’ile de Pâques et mon rêve de visiter ce lieu magique se réalise. En effet, lors de mes précédents séjours en Polynésie, je n’avais jamais réussi à y aller par manque de temps. Il faut dire que l’île se mérite car elle est difficilement accessible, et est très peu desservie, ce qui permet de lui garder un côté encore très sauvage. En effet, il n’existe qu’un seul vol par semaine au départ de Tahiti (ou plusieurs jours en bateau) ou quelques vols depuis Santiago du Chili.
. Je quitte le pittoresque aéroport de Tahiti
et après 4h30 de vol, j’arrive à l’encore plus petit aéroport de Hanga Roa.
On est tout de suite dans l’ambiance, qui reste très polynésienne, avec sa boutique de souvenirs,
et son accueil chaleureux, mais bon enfant, avec colliers de fleurs et musique
. Mon hôtel est charmant, en style local, avec un jardin luxuriant, des statues et du mobilier en bois et rotin et des bungalows confortables.
D’ailleurs, sur l’île, il n’y a rien de luxueux et ostentatoire, aucun 5*, mais que des petits hôtels de charme ou des maisons d’hôtes.
. Me voilà donc sur l’île de Rapa Nui. J’entendrai ce terme très souvent, car en plus d’être son nom en langue polynésienne, c’est aussi un adjectif et le nom des premiers habitants de l’île.
Le petit village de Hanga Roa est tout aussi charmant, avec une seule rue animée avec quelques boutiques, une pharmacie et une ou 2 superettes et un joli petit port , entouré de restaurants au bord de la mer.
. Sitôt installée, je pars explorer à pied le village. Je vais trouver pour déjeuner un petit coin de paradis, une terrasse ensoleillée, près du port, les pieds dans l’eau face à l’océan.
. C’est là que je goûterai mon premier «ceviche », le plat national à base de poisson cru. Un délice ! Ultérieurement, je renouvellerai l’expérience, avec une dégustation de ceviche aux goûts et ingrédients variés. La base est toujours la même : poisson cru, citron vert, tomates, concombres, oignons, herbes et on pourra y rajouter de l’avocat, du lait de coco comme à Tahiti, carottes râpées, pomme verte etc…
. A pied, on peut déjà, en longeant la mer, visiter le site de Tahai où je verrai mes premiers moai, ces statues si particulières de l’île de Pâques. Celles-ci sont à la sortie du village, mais au milieu d’un grand espace vert, sans un seul touriste, et avec l’océan en arrière plan. Superbe pour une première approche !
. Je recommande aussi le Museo Antropologico, seul musée de l’ïle, qui retrace la vie des Rapa Nuis, les premiers habitants, venus de Polynésie et donne un bon aperçu de l’héritage historique pascuan. Une partie est consacrée aux mystérieuses statues et en particulier aux différentes théories pour expliquer leur transport et leur installation sur leur socle.
. J’en apprendrai bien plus sur ces impressionnantes statues grâce à Regis, mon guide français, marié à une Pascuane et installé sur l’île depuis 15 ans. En plus de ses compétences de guide, il racontera plein d’anecdotes et histoires sur la vie dans l’île et sur ses habitants.
Je suis d’ailleurs toujours subjuguée de trouver dans les plus petits recoins du bout du monde, des français débrouillards qui ont choisi une expatriation pas toujours évidente. Ici, la communauté française est de 25 personnes, la plupart travaillant comme guides, dans les restaurants ou dans les hôtels.
. Mais, revenons à ces moai, qui ont fait de l’île une terre de légende, le mystère de leur origine étant toujours intact.
Comme, il n’y a aucun écrit, les affabulations les concernant vont bon train et un débat passionné anime experts, archéologues et visiteurs. Les statues, la plupart en basalte, représenteraient des chefs ou des prêtres et il fallait parfois 2 ans pour transporter les blocs de pierres de la carrière à un village.
. Les statues reposent en général sur un ahu. Ce sont des plateformes en pierre et en terre qui servaient soit de sépulture, soit d’autel, soit de piédestal à un moai.
L’ile abriteraient plus de 270 ahu et environ 1000 moai.
. On est frappé par la finition exemplaire de certaines statues, qui bien que massives, sont extrêmement expressives et semblant raconter une histoire. Certains étaient ornés d‘yeux en corail et obsidienne.
D’autres étaient coiffées d’un pukao, un couvre-chef circulaire qui pourrait représenter le chignon des grands chefs.
Mais ce qui frappe, c’est leur installation en nombre dans des lieux spectaculaires et sauvages.
. À Akena, on voit 7 statues de dos à la plage, et de différentes tailles.
Autour, on ne voit que la plage de sable blanc, les palmiers et les collines verdoyantes.
. Mais plus souvent, on les trouve en bordure d’une côte inhospitalière avec ses rochers et ses vagues énormes (toujours dos à la mer).
ou à Tongariki, l’un des sites les plus majestueux de l’île, avec ses 15 moai se dressant fièrement.
. Un seul ahu se trouve à l’intérieur des terres, celui d‘Akivi et ici, les 7 statues font face à la mer.
. Un autre lieu très impressionnant (et mon coup de cœur !) est le volcan de Rano Raraku qui est en fait la principale carrière de l’île où étaient taillées les statues. En montant le long des flans du volcan, on pourra admirer plus de 300 moai, dont certains sont inachevés ou enfouis dans la terre.
C’est ici que l’on comprend mieux comment ces statues pouvaient prendre vie, puisque certaines sont encore incrustées dans la roche, à peine visible, en position allongée, en attente d’être taillées entièrement.
Ensuite, d’après les experts, elles étaient soulevées et transportées en position verticale, grâce à des cordes en la faisant pivoter (impossible à l’horizontale avec des rondins, comme certains l’ont imaginé, car l’île ne possédait que très peu d’arbres).
En plus, ce site n’est pas seulement une carrière pleine de moai, mais il offre aussi une vue à couper le souffle sur l’océan, les falaises et les statues du site de Tongariki.
. Un autre volcan mérite le détour, celui de Rano Kau qui abritait avant un lac, maintenant asséché. On peut monter jusqu’en haut du volcan pour y admirer son cratère et surtout, ce paysage si particulier autour.
C’est de là que le guide racontera la légende d’Orongo et de l’homme oiseau. En face, l’on aperçoit 2 petits îlots, des motu.
Chaque année avait lieu une cérémonie entre les différents chefs des tribus. Le premier qui rapportait du plus grand des îlots, un œuf de l’oiseau manutara, était sacré chef dirigeant de l’île pendant un an.
. Il faut dire que les paysages sont splendides, avec ses côtes escarpées,
ses terres volcaniques
et une végétation exotique.
. Mais ne vous attendez pas à des plages de rêve comme en Polynésie. La seule grande plage de sable blanc est celle d’Akena, à 20 km du village, où les touristes viennent aussi voir les moai.
On peut aussi se baigner à l’extérieur du village, dans une petite piscine de rochers, mais à vos risques et périls, les vagues sont parfois violentes !
Tout le reste des côtes est vraiment sauvage et très inhospitalier avec falaises, rochers et mer démontée.
. À l’intérieur des terres, on voit très peu de cultures, à part quelques ananas, des cocotiers et des prairies pour les chevaux. Le cheval est d’ailleurs partout et l’animal fétiche de l’île. Il est en semi-liberté, ce qui fait qu’on le croise au détour d’une visite très souvent.
D’ailleurs si vous êtes bon cavalier, une découverte de l’île à cheval est une excellente option. Sinon, on peut louer au village vélos, quads, jeeps ou voitures classiques. Les distances sont peu importantes, l’aéroport est à 5 minutes du village et l’on peut faire le tour de l’île en voiture en 2 heures.
. Quelques mots pour finir sur le tourisme. D’après mon guide Régis, les pascuans vivraient à 99% du tourisme. Le parc national de Rapa Nui avec ses statues englobe presque la totalité de l’île. Son entrée est payante et le pass (valable 10 jours) est assez cher (80 USD). Il n’y a donc pas d’industries, peu de cultures, aucune construction moderne et donc y règne une ambiance très particulière et sympathique. Ici, pas de hordes de chinois vociférant sur les sites, pas de littorals défigurés, mais des sites touristiques déserts que l’on visite à son rythme, un village pittoresque où l’on se sent en sécurité et une population accueillante et authentique.
. Même le sympathique spectaclede chants et danses locales qui terminera mon séjour, est spontané et pas du tout comme certains, trop orienté pour touristes. On y retrouve les influences polynésiennes bien sûr,
mais aussi des maoris de Nouvelle Zélande, avec une danse pour les hommes, proche du haka, mais moins violente.
Une excellente soirée !
Bref, j’ai eu le sentiment pendant ces quelques jours de faire partie des rares privilégiés qui ont pu retrouver un tourisme comme il y a 50 ans dans une île où le temps semble s’être arrêté.
Je vais maintenant quitter cette île mystérieuse pour aller découvrir le Chili plus moderne : Santiago puis Valparaiso.